« Jen’ … ça t’arrive de décrocher le téléphone ou tu tiens réellement à ce qu’on te supplie dude ? Si ça peut te forcer à bouger tes fesses c’est au sujet de Kath’. » Jensen arqua un seul et unique sourcil, tournant la tête en direction du téléphone. Ses doigts cessèrent immédiatement de pianoter sur le clavier de son ordinateur portable. Les mots qui se bousculaient dans sa tête en rapport avec sa dernière mission disparurent au moment même où Andreï prononça le prénom de cette jeune femme dont le visage le hantait. Le jeune homme se répéta chacun des mots prononcés par son ami afin de vérifier si ces propos étaient réels où s’il venait de les imaginer. Puis, lorsque Jensen comprit qu’il ne rêvait pas, il se leva brusquement, repoussant tout aussi vite son fauteuil avant de se précipiter vers son téléphone, manquant de tomber au sol lorsqu’il se prit les pieds dans la table basse. Sa main gauche attrapa maladroitement le téléphone tandis que la droite se rattrapait de justesse au bar séparant sa cuisine de son salon, lui évitant ainsi une brusque rencontre avec le parquet de la pièce où il se trouvait. Décrochant, Jensen porta le combiné à son oreille, se redressant par la même occasion, frottant nerveusement son front. « Andreï ? Désolé j’avais un rapport à terminer … qu’est-ce que tu voulais me dire à propos de Katherina ? ». Le simple fait de prononcer ce prénom noua l’estomac de l’agent. Il avait encore du mal à digérer le fait que l’unité l’avait renvoyé tout droit aux Etats-Unis dès lors qu’ils s’étaient rendus compte que lui et l’agent qu’il entraînait s’étaient un peu trop rapprochés. Enfin ils … lui tout simplement, celui qui était son supérieur, Aleksander, ce pauvre crétin. Le léger rire de l’homme à l’autre bout du fil eu comme effet de le faire sortir de ses pensées. La main de Jensen passa dans ses cheveux pour aller masser sa nuque avant d’aller se poser sur sa hanche. « Je me doutais que ça te ferais bouger … Bref, il faut que tu te ramènes rapidement, ta petite protégée … elle est devenue l’agent le plus suicidaire que l’organisation ait connu jusqu’à présent. ». Un grognement s’échappa malgré lui de sa bouche, il n’aimait guère cet aveu de la part d’Andreï surtout que Jensen savait que l’homme ne prendrait pas le risque de l’appeler s’il ne pensait pas que ça avait son importance. « Comment ça ? … T’es sur une ligne sécurisée ? Tu es certain de ne pas être écouté ? ». Jensen quitta l’endroit où il se trouvait, faisant le tour de la table basse qui avait manqué de le faire chuter pour se laisser tomber lourdement sur son fauteuil, croisant ses pieds sur la table. « Pour qui tu me prends ? Je suis le roi de l’information remember ? Elle fonce tête baissée dans les missions, notre petite Étoile se fait remonter les bretelles par Alek’ tu vois où je veux en venir ou tu veux un dessin ? ». Jensen crispa sa mâchoire, serrant un peu plus fortement le combiné qu’il tenait dans sa main gauche, bien sûr qu’il voyait où il voulait en venir. Aleksander avait tendance à laisser ses agents foncer tête baissée, il était très rare qu’il les reprenne à moins que ces agents soient réellement sur une pente glissante. « Très bien, je serais là le plus rapidement possible … tu sais de quoi j’ai besoin ! ». Aussitôt, Jensen quitta son canapé pour se rendre devant son ordinateur portable, commençant déjà à ranger ses affaires, comme prêt à partir dans les minutes qui allaient suivre.
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WASHINGTON, DISTRICT OF COLUMBIA ♦ 14 MAI 1983
Soupire … Norah ouvrit un œil puis le second et après un petit temps d’hésitation les deux en même temps. Malgré l’épaisseur de sa couette et le tissu opaque qui la protégeait les rayons du soleil parvenaient à traverser le tout, venant chauffer l’air en dessous, l’empêchant de respirer correctement. La jeune femme resta bien au chaud quelques minutes de plus, dégageant la couette de sur son visage en la souvent très légèrement pour poser son regard vert noisette sur son imposant ventre de femme enceinte. Un sourire vint étirer ses fines lèvres tandis que ses mains se posèrent délicatement sur son ventre de huit mois et quelques semaines de grossesse. Igor et elle attendaient cet évènement depuis si longtemps, au vu des nombreuses fausses couches qu’elle avait faite par le passé, elle n’avait pas pu s’empêcher de craindre de perdre cet enfant, mais son fils semblait vouloir tenir le coup, s’accrochant à la vie du mieux qu’il le pouvait. Leurs deux familles attendaient également la naissance du premier enfant de la nouvelle génération de Bazhaev avec une grande impatience, d’autant plus depuis qu’ils savaient qu’il s’agissait d’un garçon. Cette pensée fit disparaître le sourire de Norah qui laissa un soupire s’échapper de ses fines narines. Elle n’aimait pas le fait qu’autant de pression soit déjà sur les épaules de son fils et ce uniquement parce que ses parents tenaient à ce qu’il reprenne l’affaire de famille. Les Jefferson étaient très bien connu aux États-Unis, pas parce que son grand-père était Sénateur, mais bien parce qu’ils possédaient une grande chaîne de restaurants implantée un peu partout dans le pays et bientôt dans le monde entier. Autant dire que sa famille était riche, l’argent était loin d’être un problème pour eux et Norah avait toujours fait en sorte d’échapper à cette emprise le plus tôt possible. Igor avait été son échappatoire, un charmant jeune homme russe qu’elle avait rencontré sur le campus lorsqu’elle étudiait encore le Droit étranger. Lui non plus n’aimait guère le poids que son beau-père mettait sur les épaules de son fils encore dans le ventre de sa mère, mais il le respectait tellement qu’il n’osait pas se mettre en travers de son chemin. Finalement, Norah dégagea sa tête blonde de sous la couette, tournant la tête en direction des épais rideaux de sa chambre qui étaient tirés afin de laisser le jour prendre place dans la pièce. La jeune femme se redressa avec difficulté dans son immense lit à baldaquin, remettant ses fins cheveux blonds en arrière d’un bref geste de la main pour ensuite sortir ses deux jambes claires à l’extérieur du lit avant de légèrement grimacer lorsqu’une vive douleur se réveilla au bas de son ventre. Norah expira doucement, portant instinctivement une main au bas de son ventre pour se mettre debout sur ses deux pieds prenant conscience du fait que ses jambes étaient légèrement humides. « Oh, oh … ». Norah commença à se précipiter vers la porte de sa chambre lorsqu’une nouvelle douleur bien plus forte la força à se recroqueviller, se rattrapant de justesse au pied de lit lui évitant ainsi de tomber. La douleur passée, la jeune femme se dépêcha de quitter sa chambre, parcourant le long couloir qui la séparait de l’escalier en s’arrêtant à de nombreuses reprises à cause des contractions. Sa main toujours posée sur le bas de son ventre, Norah descendit les escaliers avec difficulté avant de s’y asseoir sur l’avant-dernière marche, ses forces ayant totalement disparues. « Sara ! ». Son cri raisonna dans tout le rez-de-chaussée de l’immense manoir que possédait les Bazhaev, alertant immédiatement la femme de ménage qu’elle considérait comme une grande amie. Sara arriva en vitesse et voyant le visage de Norah elle comprit immédiatement ce qu’il se passait. La jeune femme due respirer calmement avant de pouvoir s’adresser à la demoiselle face à elle. « Il … il faudrait que tu ailles chercher Julia et que tu appelles Igor … je ne vais pas avoir le temps d’aller à l’hôpital. ». Sara se contenta d’acquiescer. Elle aida Norah à se redresser et la soutint jusque dans le salon où elle l’aida ensuite à s’allonger sur le vaste canapé et partie en courant en direction des cuisines où Julia se trouvait. Il ne fallu que quelques minutes – pas même cinq – pour que Sara revienne en compagnie de Julia qui se précipita vers Norah afin de vérifier où en était le travail. « Tu vois que prendre des cours n’était pas une mauvaise idée … voyons voir où tu en es … ». Norah leva les yeux au ciel, se redressant sur les coudes avant qu’une nouvelle contraction ne fasse son apparition, la forçant à crier pour extérioriser la douleur. Les paroles de Julia lui semblèrent lointaines par la suite, elle ne comprenait que ce qu’elle disait grâce à l’expression de son visage, exécutant ses ordres qu’elle lisait sur ses lèvres comme elle le pu. Norah ne pu souffler et se sentir soulagée que lorsqu’elle entendit les pleurs de son enfant raisonner dans le salon, laissant des larmes couler le long de ses joues tout en se laissant tomber en arrière. Julia nettoya rapidement l’enfant tandis que la porte d’entrée claqua, laissant apparaître un Igor essoufflé qui rejoignit sa femme. « Tu vas bien ? ». Norah agita la tête d’avant en arrière en guise de réponse, attrapant la main de son mari afin de la serrer dans la sienne. Julia revint auprès des parents, le petit garçon soigneusement enfoui dans une petite couverture. « Regardez moi ça papa et maman … voilà votre petit garçon, beau travail tous les deux. ». Norah se redressa dans le canapé à l’aide d’Igor, souriant à l’adresse de la jeune femme lorsqu’elle lui donna son fils qu’elle regarda les yeux de nouveau remplis de larmes. « Bienvenue dans le monde Jensen … Jensen Caleb Bazhaev ».
NEW YORK ♦ 25 NOVEMBRE 2001
« Bazhaev ! Pearl t’attend dans son bureau ! ». Jensen tourna la tête en direction de l’homme qui venait de s’adresser à lui si sèchement, cessant de se défouler contre le mannequin face à lui. Parler ainsi aux recrues était une habitude pour les surveillants, sans doute à cause de la frustration qu’ils refoulaient après avoir obtenu ce poste au lieu de celui d’agent de terrain. Jensen se redressa et jeta un furtif coup d’œil vers son mentor qui d’un simple mouvement du menton lui fit comprendre d’y aller. Le jeune homme âgé de dix-huit ans laissa tomber son entraînement, gravissant les quelques marches en titane qui le séparaient du loin couloir gris menant au bureau de Pearl, l’estomac se nouant un peu plus à chaque pas qui le rapprochait de la directrice des lieux. Pearl … c’était une femme âgée de tout juste trente ans, la plus jeune directrice de le Compagnie mais aussi la première femme à la diriger. Certains pensaient qu’elle ne tiendrait pas plus de trois mois ici mais elle savait parfaitement se faire respecter. C’était – le plus souvent – une charmante jeune femme au physique assez avantageux. Jensen était observateur, il avait ainsi pu remarquer qu’elle prenait grand soin d’elle sans pour autant se mettre sans cesse en avant. Elle savait lorsqu’il fallait être ferme et lorsqu’il fallait être douce mais malgré ça Pearl était bien souvent crainte par les nouvelles recrues et même s’il ne l’avouerait sans doute jamais, Jensen avait également peur d’elle. Prenant son courage à deux mains, il fit disparaître toute preuve d’angoisse, laissant une expression impassible prendre place sur son visage. Le jeune homme poussa la lourde porte en verre pare-balles, entra dans la pièce, referma dernière lui avant d’aller faire face à la jeune femme devant son bureau, mains croisées dans le dos. « Vous vouliez me voir … ». Mélangée entre questionnement et affirmation, Jensen ne prononça que cette phrase, posant son regard sans expression sur la directrice qui quitta le dossier qu’elle lisait des yeux pour le regarder lui. Pearl le fixa un long moment, laissant le silence entre eux devenir pesant, le laissant angoisser même s’il ne montrait rien pour finalement lui adresser un sourire et lui faire signe de s’asseoir. Jensen s’exécuta sans un mot en parfait petit soldat. Il était l’une des meilleures recrues de l’organisation et il en avait conscience. En deux mois il était devenu tout aussi doué que les plus anciens, peut-être même plus douer d’ailleurs. Jensen était très doué en combat au corps à corps, dans le maniement des armes et encore plus en informatique, c’était l’étoile montante de la nouvelle génération de recrues et personne ne pouvait le nier. Le jeune homme était entré dans l’organisation de son plein gré, ce qui était particulièrement rare. Il en avait entendu parler par son grand-père paternel qui appartenait lui-même à cette organisation mais en Russie et Jensen avait immédiatement su qu’il était né pour devenir lui-même agent et avait usé des relations de son grand-père pour parvenir à ses fins. « Bien … Je ne vais pas y aller par quatre chemins ! Tu as été activé Jensen, tu es à partir de cet instant un agent de la Compagnie ». Jensen ne prononça aucun mot, il se contenta de dévisager la jeune femme face à lui, tentant de décrypter les traits de son visage afin de vérifier si elle le testait ou non. Ils restèrent silencieux quelques minutes de plus avant que Jensen ne redresse la tête, croisant ses bras contre son torse. « Pour quelles raisons ? ». Pearl haussa ses sourcils bruns afin d’exprimer sa surprise. Elle s’enfonça dans son fauteuil en faux cuir noir tout en croisant ses mains, déposant ses coudes sur chacun des accoudoirs qui l’entouraient. « Et bien … pour deux raisons. La première est que ton grand-père a fait pression sur nous pour que nous ne te gardions pas longtemps comme recru. Je dois dire que je n’aime pas que l’on me force la main cependant, et c’est la seconde raison de ma décision, tu as montré un savoir-faire très étonnant. Tu es l’une de nos meilleures recrues, il faut croire que tu as ça dans le sang. ». Jensen haussa un sourcil, un sourire apparaissant légèrement au coin de ses lèvres. En réalité il savait déjà tout ça mais il aimait qu’on lui répète afin de faire gonfler son ego. « Je commence quand ? ». Ce fut au tour de Pearl de sourire, satisfaite de la réaction de son nouvel agent. Elle avait déjà en tête tout un tas de chose pour lui, elle voyait en lui un grand agent, l’un des meilleurs et un futur mentor de qualité. Jensen n’avait pas idée de ce que l’avenir lui réservait au sein de la Compagnie.
NEW YORK ♦ 07 SEPTEMBRE 2009
« T’es sûr de ton choix ? ». Jensen passa doucement le revers de sa main sur le visage de la jeune femme qui venait de s’adresser à lui, un léger sourire aux lèvres avant de sceller les siennes à celle de la demoiselle dans un court baiser avant de plonger son regard dans le sien. « Oui, j’en suis sûr directeur … ». De nouveau, il ne pu s’empêcher de lui adresser un sourire. Pearl avait tenu comme directrice de la Compagnie pendant près de sept ans avant d’être remplacée par Sofia, une jeune femme de vingt-trois, encore plus jeune que Pearl lorsqu’elle avait commencé. Mais Sofia était l’un des agents les plus brillants de la Compagnie implantée en Russie et suite au départ de Pearl personne n’avait trouvé mieux que cette jeune femme slave qui avait su garder son poste et prouver qu’elle était capable de diriger la Compagnie. Au départ entre Jensen et elle les choses étaient quelques peu compliquées étant donné que l’agent de vingt-cinq ans ne supportait pas vraiment recevoir des ordres d’une femme plus jeune que lui. Finalement, il n’avait eu d’autre choix que de s’y faire pour finir par avoir une relation tout à fait secrète avec elle. Néanmoins, il était vrai que Jensen en profitait dernièrement, enfin c’était la seule et unique fois qu’il usait de sa relation privilégiée avec elle pour parvenir à ses fins. Sa seule et dernière requête avait été d’être muté en Russie et il savait que Sofia ne pourrait lui refuser cette demande, première parce qu’ils couchaient ensemble depuis près d’un an et deuxièmement parce que son grand-père était celui qui avait permis à la jeune femme de diriger la Compagnie, ici, à New York. Mais Jensen ne quittait pas son pays natal par désir mais bel et bien par devoir, parce qu’il se devait de retrouver les assassins de sa mère. Le soupire que Sofia laissa s’échapper le fit quitter ses pensées, le forçant à la regarder une nouvelle fois afin de remarquer un air légèrement angoissé sur le visage de son amante. « Tu ne risques rien, je promets de ne faire aucune bavure une fois là-bas … ». Jensen avait dis ceci sur le ton de la plaisanterie afin qu’elle se détente un peu plus, ce qu’elle fit évidemment, aucune femme ne parvenait à lui résister et ce depuis plusieurs années déjà. Pourtant, l’agent n’était pas totalement sincère, il se moquait bien de ce qu’il devait faire ou ne pas faire, tout ce qui comptait était de mettre une balle dans la tête de ces types, il voulait juste venger la mort de sa mère comme il l’avait promis à son père. Afin de ne pas montrer qu’il ne pensait pas du tout ce qu’il venait de dire, Jensen se pencha près du visage de Sofia afin de l’embrasser une nouvelle fois. « Très bien … je vais faire en sorte que ta mutation prenne effet à la fin de la semaine. ». Jensen hocha la tête d’avant en arrière avant de la forcer à venir contre lui, déposant un baiser dans sa longue chevelure blonde. Même s’il était ravi d’être une fois de plus parvenu à ses fins, il n’aimait pas vraiment le fait d’utiliser Sofia de la sorte. Il n’était pas amoureux d’elle, mais il la respectait et l’appréciait vraiment beaucoup et se servir d’elle ne lui plaisait pas, cependant il devait le faire pour être muté le plus rapidement et venger sa mère aussi vite que possible. Maintenant, le jeune homme savait que d'ici la fin de la semaine il aurait quitté New York pour Saint-Pétersbourg, devenant un agent et mentor en Russie, une chance pour lui que la langue soit loin d’être une barrière …
SAINT-PÉTERSBOURG ♦ 24 JANVIER 2010
« C'était qui ? ». Jensen resta assit quelques instants sans rien dire, son regard se perdant dans le vide. Dans sa main droite se trouvait toujours son téléphone portable, objet de malheur qui l'avait réveillé alors qu'il dormait paisiblement, Katherina lovée contre lui. Il avait entendu la jeune femme s'adresser à lui, mais ses paroles semblaient si loin à présent, le jeune homme ne la senti pas bouger, redescendant sur terre lorsqu'il senti la main de la demoiselle monter du bas de son dos jusqu'à son épaule pour ensuite poser son menton sur son épaule. Doucement, Jensen tourna la tête en sa direction, plongeant silencieusement son regard dans celui de la belle brune. Fallait-il lui dire la vérité ou lui mentir ? Sans doute la seconde option, car dans le cas inverse il risquait de lui causer plus de problèmes qu'autre chose. Jensen pencha son visage près de Katherina et l'embrassa tendrement avant de lui adresser un doux sourire. « C'était Alek' ... Rien de bien important, il m'envoie pour une mission, Annushka a le poignet dans le plâtre. ». Mêler cet agent était un risque, surtout si Katherina venait à l'interroger et qu'elle découvrait qu'il avait menti. Certes, Jensen allait en parler à Annushka, lui demander de confirmer ses dires, mais Katherina avait l'art et la manière d'interroger des personnes et de leur soutirer les informations qu'elle désirait avoir. Cependant, le jeune homme savait se montrer sincère, il était un parfait menteur ce qui était une qualité dans un métier comme le sien. De nouveau, un sourire vint étirer ses lèvres afin de lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre. Le jeune homme l'embrassa une nouvelle fois pour finalement quitter le lit dans lequel il se trouvait, attrapant ses vêtements sur sol avant d'aller dans la salle de bain. Le jeune homme s'y enferma à double tour, restant tout contre la porte, l'arrière de sa tête si posant brutalement tandis qu'il fermait les yeux. Jensen était un grand manipulateur et menteur, certes, mais il détestait l'être avec les personnes qui avaient de l'importance à ses yeux. Katherina … elle avait bien plus que de l’importance pour lui, elle était devenue sa raison de rester en Russie, elle était une raison de se lever le matin et de se battre pour rester en vie lorsqu’il faisait une mission particulièrement dangereuse. Katherina était l’oxygène dont il avait besoin pour respirer. Dire que s’il entendait une personne avoir de tels propos il se serait sans doute fichu d’elle … Mais Jensen devait lui mentir pour la protéger, il ne devait pas lui dire qu’en réalité Aleksander avait découvert qu’ils étaient bien plus proches qu’ils ne le devraient et que pour cette raison il se devait de quitter le pays. Le directeur de la Compagnie allait s’occuper du reste et le connaissant, il savait que Katherina allait apprendre sa mort dans la soirée, comme il avait l’habitude de le faire. Jensen connaissait parfaitement Aleksander, il était comme son bras droit, oui et malgré ça ce type le renvoyait tout droit dans son pays natal. Ses yeux de nouveau ouvert, le jeune homme pris une rapide douche et une fois habillé il quitta la salle de bain et profita de l'absence de Katherina pour se sauver de l'appartement tel un voleur. Jensen aurait tant aimé lui laisser quelque chose afin de lui faire comprendre qu'il était obligé de partir et qu'il n'allait pas mourir. Il aurait souhaité lui laisser quelque chose pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas la quitter, qu'il le faisait à contre cœur, mais il savait que c'était trop risqué et que Aleksander l'apprendrait par n'importe quel moyen. Alors, il quittait la Russie sans rien dire, il quittait Saint-Pétersbourg en silence, la queue entre les jambes et tête baissée et Katherina allait devoir se faire à l'idée qu'il était mort.
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